1. |
Franc nord
03:53
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Je ne suis plus l’alizé, moi je fonce franc nord
Me refroidir les idées, retrouver ardeurs qui s’ignorent
J’ai le feu dans les yeux, on a vidé mon coffre-fort
Quand mille mots ne valent plus rien, les images parlent d’or
Non, je ne poursuis plus l’alizé, je ravale mes remords
Je vois les feuilles s’affaisser et je ménage mes efforts
Derrière la vitre rouge de l’automne, devant ce feu qui s’étouffe
J’ai les défaites qui résonnent et j’entame mon retour au souffle
L’angoisse manifeste au pas de ma porte
Où ai-je laissé les clés de ma propre chambre forte
Quand j’ouvre les fenêtres, je soulève de vieilles choses mortes
Mon regard est déjà loin, là où le vent froid s’emporte
L’alizé fuit, je fonce franc nord
Me refroidir les idées, retrouver ardeurs qui s’ignorent
Je ne suis plus l’alizé moi je fonce franc nord
Me refroidir les idées, repeindre le ciel d’or
Derrière la vitre rouge de l’automne, devant ce feu qui s’étouffe
J’ai les défaites qui résonnent et j’entame mon retour au souffle
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2. |
Le bonze
06:03
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Bonze au cœur de bronze, tes pleurs t’épongent, mais tu restes imparfait
Tu longes l’angoisse, replonge en toi, c’est bon, mais tu restes imparfait
Bonze au cœur de bronze, tes pleurs t’épongent, mais tu restes imparfait
Tu longes l’angoisse, replonge en toi, c’est bon, mais tu restes imparfait
(L’angoisse te ronge, c’est long, dis-le rien n’est parfait)
Pioche, écorche le métal, plus de peur que de mal
À grands coups, déforme, défoule, dépasse les bornes
Creuse la matière poreuse, abuse, use à la corde
Ose, perce des entailles, la masse intacte est morne
Force la note ou détale, art muet ou total
De ton trait, arrache emporte-pièce, détache en rafales
Peur que ton cœur s’abîme, ruines et failles énormes
Est-ce un leurre, frère ? T’exagères : l’effort perfore la forme
Bonze au cœur de bronze, tes pleurs t’épongent, mais tu restes imparfait
Tu longes l’angoisse, replonge en toi, c’est bon, mais tu restes imparfait
Bonze au cœur de bronze, ton monde s’effondre parce qu’il est imparfait
Tu longes l’angoisse, replonge en toi, c’est bon, mais tu restes imparfait
(L’angoisse te ronge, c’est long, dis-le rien n’est parfait)
Humeurs et jours en demi-tours
Pleurs et plaintes en demi-teintes
Regards flous et grands retours
Faux pas et furie de feintes
Camoufle le gouffre et le miroir suinte
La surface vierge te laboure
L’entaille émerge la crainte se pointe
Tes entrailles s’enroulent à rebours
Quand tu n’en pourras plus de taire
Le sillon déchirant ton désert
Tes mains retourneront terre et sable
L’histoire des fosses deviendra fable
Et aux confins de tes cratères
Au fin fond des trouées dans la pierre
Une larme de fond d’eau minérale
Perlera des miettes de l’idéal
Bonze au cœur de bronze, tes pleurs t’épongent, mais tu restes imparfait
Tu longes l’angoisse, replonge en toi, c’est bon, mais tu restes imparfait
Bonze au cœur de bronze tes pleurs s’épongent, mais tu restes imparfait
(Bonze au cœur de bronze tes pleurs démontrent en quoi c’est imparfait)
Tes songes renvoient à ces mondes en toi
(Tu longes l’angoisse, replonge en toi)
C’est bon parce que c’est imparfait
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3. |
Prière d'hiver
05:03
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Un vent glacial balaie l’étouffant parfum du mensonge
Et le sol rougit de se voir ainsi dénudé de sa brume
La terre gelée grelotte de honte et craque de rage sous mes pas errants
Ah oui, et le temps passe
Lorsqu’enfin le soleil agonise, je m’effondre dans la neige crispée
Ma respiration s’accélère, alors que je récite ces mille prières que l’on dit sans penser
Puis le givre pénètre ma bouche et ses cristaux acérés transpercent mes joues, me faisant cracher, impuissant, les gerbes rougeoyantes de ma propre révolution
Mon corps engourdi se cabre soudain
Je me sens fondre, car, sous ma neige, un feu brûle encore
Braise, baise mes mains, baptise ma chair, balise ma peau
Je le désire, consume mon corps, consomme mon art
Pousse-moi, blesse-moi, brise-moi sur la banquise sévère, mais ne t’éteins pas comme les autres, qui me laissèrent meurtri et seul dans le noir
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4. |
L'élan
06:08
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Un jeune homme accroupi dessine,
Son trait zigzague entre les mines
Et carbure à l’encre de Chine.
Sur son chemin, un monde en ruines,
Entre orateurs et carabines
Squelettes gris, lourdes machines.
Et sur son front de blanches cimes
Le mont du mot la bosse des rimes
Les pâles volcans frontaux fulminent.
Ils crachent le flot de leur abîme,
Averses acides et intestines,
Vapeurs d’orages et de toxines.
L’élan qui anime sa main, mouvement ultime de l’être humain
Forge le fer, frôle le satin, traverse le soir et le matin.
Un horizon qui s’illumine,
Il traverse un fin rideau de bruine,
Tissu secret, soie d’opaline.
Enfin, le pommier s’enracine.
Et sur le sol de serpentine
Le fruit s’oppose à la doctrine.
Ses doigts s’approchent des épines
Et le condamne sa main mutine,
Vestige d’une cène clandestine.
Il croque la pomme sibylline,
Puis subit la fureur divine.
La foudre afflige sa rétine.
Adieu, adieu ô monde en ruine
Odieux squelettes, et puis machines.
Plus d’orateurs, ni de carabines,
Aux folles errances se destine
L’aveugle, au gré de sa plume fine
À la fois vainqueur et victime.
L’élan qui anime sa main, mouvement ultime de l’être humain
Forge le fer, frôle le satin, traverse le soir et le matin.
Bien qu’aveugle, je me fais pilote de brousse
Même que je pose ces mots en douce malgré l’orage à mes trousses
Les nuages s’éclairent, je m’invente un sanctuaire, retraite fermière
Je me catapulte dans une clairière et je récolte
Non sans être fier, ce ballon vide qui virevolte,
Farce du retour au souffle
Pieds humides et vieilles pantoufles
Je ne me reconnais plus en ces matins pluvieux
Moi qui rêvais de neuf bâti à même le vieux
Oui, ça brasse quand je chasse cet air en place
Y ‘faut que je relace mon casque, que j’efface les traces
Parce que j’entends le rugissement de l’escadron qui me pourchasse
Je provoque les feux de broussailles, y ‘faut que ça flambe que ça déraille
Je repars les moteurs, l’hélice me déchire les entrailles
Allez, tas de ferraille, reprends les airs sous la mitraille
Ravale le sang et la distance, parce que ça recommence.
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5. |
L'équateur
02:07
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J’ai une larme en tête
Mais n’en sens que le sel
Humide poussière de ciel
Qui se consume en la bête
Qui gerce mes lèvres
Huilées par la joie qu’on me prête
Qui gerce mes lèvres
Et me perce d’arêtes
Qui divisent mes yeux et mes mains et ma tête
Les jours battent mes grèves
Celles où mes vents chargés d’orages crèvent
La mer
J’en surgis et j’y plonge
Je suis un équateur
J’existe entre deux mondes
J’ai une goutte de pleurs
Qui roule dans mes cheveux
Qui s’ébroue en silence
Mais n’irrigue pas mes yeux
Et j’ai la tête aveuglée par la vérité du sel
Humide poussière de ciel
Qui se consume en la bête
Qui gerce mes lèvres
Huilées par la joie qu’on me prête
Qui gerce mes lèvres
Et me perce d’arêtes
Qui divisent mes yeux et mes mains et ma tête
Mes lèvres s’assèchent et deviennent dunes
Découvrent des esquifs
Des lunes
Un pâle sourire s’esquisse
Je change de visage mais conserve mes lacunes
Puis j’explose en plein soleil
Lorsque j’atteins la chute
Du haut de l’équateur
L’impact au sol est brut.
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6. |
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Je marchais sur la rue la tête comme une montagne, mes yeux laissaient glisser les dernières glaces
J’avais les mains froides qui traînaient au fond de mes poches, mais on voyait le dégel sur ma face
Je marchais à la ville le cœur en pleine campagne, la fonte découvrait peu à peu mes anciennes traces
Mes pieds raclaient le sol et propulsaient des petites roches qui me rappelaient qu’au printemps même la pierre est vivace
S’il avait fait moins gris, sans ces regards sur ma carcasse,
Je serais allé me balancer pis je t’aurais sûrement gardé une place
Je marchais sur le monde, suivant un chemin fragile, craignant encore un peu les bords glissants de ses crevasses
Mon manteau grand ouvert laissait passer le vent, j’offrais mes flancs au frisquet de ses menaces
Je marchais sur le monde, la tête comme une montagne, déversant en rigoles les neiges qui pesaient sur ma masse
Les choses semblaient renaître, ou bien reprendre leur place, le sol camouflait mal les premières fleurs de mars
S’il avait fait moins gris, sans ces regards sur ma carcasse,
Je serais allé me balancer pis je t’aurais sûrement gardé une place
S’il avait fait moins gris et puisque le temps passe,
On serait allé se balancer, avant que quelque chose se casse.
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7. |
Mère pieuvre
05:42
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Je ne sais pas quoi dire quand le ciel rougeoie
Certaines images me laissent sans voix
J’envisage en silence le prochain pas
Ce que je porte est plus fort que moi
J’aime ces paysages au teint blême
L’absence de portraits au tableau
Et l’envie de faire terre brûlée de moi-même
Réduit en cendres mes fleurs de peau
Le soir me décolore je compose et me décompose
Je me propulse par jets d’encre une ancre me plonge au fond des choses
Des mots vides couchés sur une page vide dans un monde vide
Des soleils potentiels dans une noirceur humide
Et une silhouette sombre de sacrifice englouti
Génitrice décharnée accouchant dans l’oubli
Ombre trouble recouvrant ses œufs son œuvre
Qu’elle couve en sa tombe comme une mère pieuvre
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8. |
Tendrement
04:10
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Tendrement, déblatérer pour se détendre
Mots, amours, amibes, amandes
Monde, noirceur et transgression
S’impressionner transe, friction, graisse, fiction
Vivre aux prises avec des prismes de transformation
Pulsion chaude, choses froides dehors
Efforts indigestes, indigènes dans mon corps
Gestes indignes et faux remords
Horreurs irascibles, racines, fils retors
Vivre pourtant malgré la mort
Rébus douteux, désolations s’ensuivent
Désir de désosser, dénoyauter ces olives
Soleils noircis et soliloques
Chênes brûlants, abrutissantes loques
Qui ébruitent l'affaire, viles invectives
Images de glace, angoisses successives
Terreurs nocturnes et prédation infirme
Registre, rétrospectives, rimes
Quand tout s’enflamme, je saigne, blême
J’avance quand même.
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9. |
Résilience
05:51
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Tac. ‘Faut que j’plaque le trac. Je saute sur
Place. La glace se casse. ‘Faut pas que
J’glisse, qu’je m’pète la face. Que l’stress s’ef-
Face parce qu’moi j’veux juste qu’un mouvement
S’fasse. J’passe dans les traces d’un peuple en
Marche. Qu’mes mots s’enfargent, qu’ma langue se
Lasse. Les leurs t’embrassent quand tu t’em-
Brases au rythme des phrases sur fusion
Jazz.
Hélas, comme le temps passe, faut qu’j’entre en
Phase 2, j’brasse les bases, avant qu’tu
Blases. J’active sans cesse mon amy-
Lase qui ronge glucides et bavard-
Ages. Faux lucides, les vôtres sont
Fades. Moi, j’exige d’êtr’ libre, sans en-
Trave. Exégèse sans en être esc-
Lave, subtil comme braise, jaillir comme
Lave des cendres du faux, seul alca-
Traz
Hélas, comme le temps passe, je dois faire
Table rase. Mondes qui naissent et qui s’é-
Crasent. On ne vit que parce qu’on tré-
Passe. Tensions, contraintes et impa-
Tiences. Mes paroles précèdent un si-
Lence. ** ** ** ** Malaise pal-
Pable. Vivement la prochaine instrumen-
Tale! Qu’j’m’élance, que j’éclate dans tous les
Sens : on peut renaître de ses souf-
Frances.
Des mois durant je n’ai plus pu écrire
J’ai cru que j’m’écroulais j’ai vu des choses mourir
Pire j’ai senti en moi l’idéal s’amollir
Sous les convenus couchers de soleil comme une maison de cire
Je me compare je compile mes complexes
Fuck les contraintes je ne compte même plus les pieds de mes textes
Je fais des pieds et des mains pour éviter faux affects
Infecté par le caractère courbe de mon contexte
J’écris comme je dessine c’est-à-dire mal
À grand traits ratés pourtant porteurs de fractals
Je fracture le réel en gribouillis puérils
Mais dans le Labyrinthe on tient plus au fil qu’à la rime
L’écho déchu échoue, l’époque échue s’ébroue
J’essaie de m’débrouiller dans le brouillard
D’offrir de brillants barbouillages
Finie l’ère des mages et d’la projection d’image
Exister tous les jours quel horizon immense
Déployer tout son être à la quête du sens
Je le répète avide avant la transe
On peut renaître de ses souffrances
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